Collection Lambert

Villa Médicis — Villa Kujoyama — Casa de Velázquez

24.10.2020 – 14.03.2021

JOURNAL DE FOUILLE

Documents d’archives, dimensions variables, 6 dessins 40 × 30 cm, 2 dessins 80 × 60 cm

Tamerlan aurait entendu de la bouche même de l’ambassadeur d’Henri III de Trastamare : «Mon Seigneur possède une cité qui s’appelle Madrid, la Ursaria et qui est inexpugnable du fait qu’elle est entourée de feu et construite sur l’eau ». Ursaria réfère à la Grande Ourse, la constellation dont les sept étoiles les plus brillantes, celle citée dans la bible, et représentée sur le drapeau de la communauté de Madrid, ont permis la première cartographie céleste. Ursa major tournant sans cesse autour de Polaris, dessine dans le noir du ciel, un cadran géant. Elle permet aux rois Mages, ces prêtres astrologues Zoroastrien de calculer le premier calendrier solaire. Cette première lecture provoque le dessin du carré, et sa transposition en typologie de quatre-part du jardin Persan. Ce carré est une analogie aux quatre saisons et quatre points cardinaux. La Ursaria c’est aussi l’Alcazar, l’actuel palais royal de Madrid, forteresse quadrangulaire de la ville médiévale, orienté plein Nord. Une implantation territoriale ordonnée par une technique d’acquisition d’eau venant de la Perse et qui a servi comme instrument d’expansion au Moyen Age, le long d’une bande aride de l’ancien monde, de Séville à Marrakech au désert du Taklamakan, constituant la Route de la Soie.

Madrid fait partie de cette série de villes-jardins fondée par les qanats, un réseau de galléries souterraines creusées à la main qui font jaillir l’eau depuis la profondeur de la terre. Abandonnés à la révolution industrielle, « los viajes de agua » continuent d’irriguer l’eau, de manière disparate et délaissé. Leur relecture sert d’instrument de mémoire et de transgression, de lignes géométriques et de cosmicité entre traditions vernaculaires et enjeux contemporains.

as part of my fellowship at the Académie de France in Madrid 2019-2020

Exhibition curated by Cecile Debayamar